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LE BOSSU.

prières auprès de Dieu. Il me sembla que je pourrais le payer ainsi de ses bienfaits.

» Il me sembla que j’étais un grand élément dans sa vie. Il avait si bien changé depuis qu’il s’était fait mon père adoptif !

» Mère ! ne m’accuse pas d’être une orgueilleuse ! Je sentais que j’étais sa douceur, sa sagesse et sa vertu. — Quand je dis que je l’aimais davantage, je me trompe peut-être ! je l’aimais autrement.

» Ses baisers paternels me firent rougir et je commençai à pleurer tout bas dans ma solitude.

» Mais j’anticipe et je te parle là des choses d’hier…

» … Ce fut à Pampelune que mon ami Henri entreprit mon éducation. Il n’avait guère de temps pour m’instruire et point d’argent pour acheter des livres, car ces journées étaient longues et bien peu rétribuées. Il faisait alors l’apprentissage de cet art qui l’a rendu célèbre dans toutes les Espagnes sous le nom du Cincelador. Il était lent et maladroit. Son maître ne le traitait pas bien.

» Et lui, l’ancien chevau-léger du roi Louis XIV, lui, le hautain jeune homme qui tuait naguère pour un mot, pour un regard, suppor-