Page:Féval - Le Bossu (1857) vol 1-3.djvu/464

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
30
LE BOSSU.

Je ne vous ai point avertis parce qu’ils sont en avant de nous désormais, et engagés dans une voie où nous ne pouvons plus les rencontrer.

» Elle nous expliqua que la vieille route, abandonnée à cause de ses difficultés, passait du côté nord de Baladron, tandis que la nôtre tournait de plus en plus vers le sud, à mesure qu’on approchait des gorges ; les deux routes se réunissaient à un passage unique, appelé el Paso de los Rapadores, bien au delà du campement des bohémiens.

» Par le fait, en avançant dans l’intérieur de la montagne, nous n’aperçûmes plus ces fantastiques silhouettes, découpant leurs profils sur le ciel écarlate.

» Les roches étaient désertes aussi loin que l’œil pouvait se porter. On n’apercevait d’autre mouvement que le frémissement des hêtres agités par la rafale.

» La nuit tomba. Nous ne songions plus à nos rôdeurs inconnus. D’énormes ravins et des défilés infranchissables les séparaient de nous maintenant. Toute notre attention était pour notre mule, dont le pied sûr avait grand’peine à surmonter les obstacles du chemin.

» Il était nuit close, quand un cri de joie de Flor annonça la fin de nos peines. Nous avions