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LE BOSSU.

avait pris sa place tout de suite parmi les premiers ciseleurs de Madrid. Il n’avait pas encore cette grande renommée qui lui eût permis de faire si facilement sa fortune, mais les maîtres intelligents appréciaient son habileté.

» Ce fut une période de calme et de bonheur. Flor venait les matins. Nous causions. Elle regrettait de ne plus être ma compagne, mais quand je lui proposais de reprendre notre vie d’autrefois, elle se sauvait en riant.

» Une fois, Henri me dit :

» — Aurore, cette enfant n’est pas l’amie qu’il vous faut.

» Je ne sais ce qui eut lieu, mais Flor ne vint plus que de loin en loin. — Nous étions plus froides en face l’une de l’autre. — Quand Henri, mon ami, a parlé, c’est mon cœur même qui obéit. Les choses et les personnes qu’il n’aime plus cessent de me plaire.

» Ma mère, n’est-ce pas ainsi qu’il faut aimer ?

» Pauvre petite Flor ! si je la voyais, je ne pourrais cependant m’empêcher de tomber dans ses bras…

» …… Que je vous dise, ma mère, une chose qui précède de bien peu le départ de mon ami. — Car je devais éprouver bientôt la première grande douleur de ma vie. Henri allait me