ce monde : votre bonheur. Auriez-vous quelque peine à quitter le séjour de Madrid ?
» — Avec vous ? demandai-je.
» — Avec moi.
» — Partout où vous serez, ami, répondis-je lentement et en le regardant bien en face, — j’irai avec plaisir… j’aime Madrid parce que vous y êtes.
» Il me baisa la main.
» — Mais…, fit-il avec embarras, ce jeune homme…
» Je mis ma main sur sa bouche en riant.
» — Je vous pardonne, ami, l’interrompis-je, — mais n’ajoutez pas un mot… et si vous le voulez, partons !
» Je vis ses yeux qui devenaient humides. Ses bras faisaient effort pour ne point s’ouvrir. Je crus que son émotion allait l’entraîner. — Mais il est fort contre lui-même.
» Il me baisa la main une seconde fois, en disant avec une bonté toute paternelle :
» — Puisque cela ne vous contrarie point, Aurore, nous devons partir ce soir même.
» — Et c’est sans doute pour moi ! m’écriai-je avec une véritable colère, — non point pour vous.
» — Pour vous, non point pour moi, répondit-il en prenant congé.