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LE BOSSU.

— Oui, fit Aurore en se parlant à elle-même ; — il est bon… il m’aime comme sa fille…

— Et encore autrement, glissa Berrichon d’un air malin.

Aurore secoua la tête. Aborder ce sujet était un si grand besoin de son cœur, qu’elle ne réfléchissait ni à l’âge ni à la condition de son interlocuteur.

Jean-Marie Berrichon, en train de mettre son couvert, passait à l’état de confident.

— Je suis seule, dit-elle, — seule et triste toujours…

— Bah ! riposta l’enfant, — notre demoiselle… dès qu’il sera rentré, vous retrouverez votre sourire.

— La nuit est venue, poursuivait Aurore, — et je l’attends toujours… et cela est ainsi chaque soir, depuis que nous sommes dans ce Paris…

— Ah ! dame ! fit Berrichon, — c’est l’effet de la capitale… Là ! voilà mon couvert mis et un peu bien… Le souper est-il prêt, la mère ?

— Depuis une heure au moins, répondit le viril organe de Françoise au fond de la cuisine.

Berrichon se gratta l’oreille.

— Il y a pourtant gros à parier qu’il est là-haut, fit-il, — avec son diable de bossu… et ça