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LE BOSSU.

— Vous avez pleuré, Aurore ! dit vivement le nouvel arrivant.

Il était au bas des marches. La jeune fille lui jeta ses deux bras autour du cou.

— Henri, mon ami ! fit-elle en lui tendant son front à baiser, vous savez bien que les jeunes filles sont folles… la bonne Françoise a mal vu ; je n’ai point pleuré… regardez mes yeux, Henri : voyez s’il y a des larmes.

Elle souriait, si heureuse, si pleinement heureuse, que maître Louis resta un instant à la contempler malgré lui.

— Que m’as-tu donc dit, petiot ? fit dame Françoise en regardant sévèrement Jean-Marie, que notre demoiselle n’avait fait que pleurer ?

— Oh ! dame ! fit Berrichon, écoutez donc, grand’maman… moi je ne sais pas… vous avez peut-être mal entendu… ou bien, moi, j’ai mal vu… à moins que notre demoiselle n’ait pas envie qu’on sache qu’elle a pleuré.

Le Berrichon était une graine de bas Normand.

Françoise traversa la chambre, portant le principal plat du souper.

— N’empêche, dit-elle, que notre demoiselle est toujours seule, et que ça n’est pas une existence.