Page:Féval - Le Bossu (1857) vol 1-3.djvu/556

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
122
LE BOSSU.

La bonne femme haussa les épaules.

— Ça ne me fait rien, dit-elle.

— Ah ! grand’mère ! rien qu’au bout de la rue ! Madame Balahault dit les noms et raconte l’histoire de tous les seigneurs et de toutes les dames qui passent… C’est du propre, va !… et joliment édifiant !… venez voir !… Le temps de jeter un coup de pied au coin de la rue.

— Et qui gardera la maison ? demanda la vieille Françoise un peu ébranlée.

— Nous serons à dix pas… nous veillerons sur la porte… viens, grand’mère, viens !…

Il la saisit à bras-le-corps et l’entraîna.

La porte resta ouverte.

Ils étaient à deux pas ; mais la Balahault, la Guichard, la Durand, la Morin et le reste étaient de fières femmes ! Une fois qu’elles eurent conquis Françoise, elles ne la lâchèrent point.

Cela entrait-il dans les plans mystérieux de maître Louis ? Nous nous permettons d’en douter.

Le flot des commères entraînant Jean-Marie Berrichon vers la place du Palais-Royal, tout éblouissant de lumière, dut passer sous la fenêtre d’Aurore ; mais elle n’eut garde de les voir : sa rêverie l’aveuglait.

— Pas une amie ! disait-elle ; pas une compagne à qui demander un conseil !