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LE BOSSU.

— Parle, te dis-je !…

— Puisqu’il est ton tuteur, le mari de ta mère…

— Caramba ! jura franchement mademoiselle de Nevers, — faut-il donc tout te dire ?… Je l’ai vue aujourd’hui, ma mère !… Je la respecte beaucoup… il y a plus, je l’aime, car elle a bien souffert !… Mais à sa vue, mon cœur n’a pas battu… mes bras ne se sont pas ouverts malgré moi… Ah ! vois tu, Aurore ! — interrompit-elle dans un véritable élan de passion, — il me semble qu’on doit se mourir de joie quand on est en face de sa mère !

— Cela me semble aussi, dit Aurore.

— Eh bien ! je suis restée froide… trop froide… Parle, s’il s’agit de Gonzague… et ne crains rien… Ne crains rien et parle, quand même il s’agirait de madame de Nevers.

— Il ne s’agit que de Gonzague, repartit Aurore ; — ce nom de Gonzague est dans mes souvenirs, mêlé à toutes mes terreurs d’enfant, à toutes mes angoisses de jeune fille… La première fois que mon ami Henri joua sa vie pour me sauver, j’entendis prononcer ce nom de Gonzague… Je l’entendis encore cette fois où nous fûmes attaqués dans une ferme des environs de Pampelune… Cette nuit où tu te servis de ton