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LE BOSSU.

M. de Nevers… Artémise, vouée au deuil éternel…

À ce nom de madame la princesse de Gonzague, tous les vieux gentilshommes avaient dressé l’oreille.

— Eh bien ! eh bien ! fit-on autour de la table de lansquenet.

— Eh bien ! reprit Oriol, Artémise a fini de boire la cendre du mausolée !… Madame la princesse de Gonzague est au bal !

On se récria. C’était chose impossible.

— Je l’ai vue ! affirma le petit traitant, de mes yeux vue !… assise auprès de la princesse Palatine… Mais j’ai vu quelque chose de plus extraordinaire encore.

— Quoi donc ? demanda-t-on de toutes parts.

Oriol se rengorgea ; il tenait le dé.

— J’ai vu, reprit-il pourtant, et je n’avais pas la berlue… et j’étais bien éveillé… j’ai vu M. le prince de Gonzague refusé à la porte du régent.

On fit silence. Cela intéressait tout le monde. Tout ce qui entourait cette table de lansquenet attendait sa fortune de Gonzague.

— Qu’y a-t-il d’étonnant à cela ? demanda Peyrolles, les affaires de l’État…

— À cette heure, Son Altesse ne s’occupe point des affaires de l’État.