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LE BOSSU.

lisière de la forêt d’Ens, et, l’instant d’après, on entendit des cris dans la douve.

C’étaient les faneurs qui fuyaient en hurlant les coups de plat d’épée d’une troupe de partisans.

Ceux-ci venaient au fourrage, et certes ils ne pouvaient trouver ailleurs de plus noble fenaison.

Nos braves s’étaient mis à la fenêtre de l’auberge pour mieux voir.

— Les drôles sont hardis ! dit Cocardasse junior.

— Venir ainsi jusque sous les fenêtres du marquis ! ajouta Passepoil.

— Combien sont-ils ?… Trois… quatre… six… huit…

— Juste autant que nous ?

Pendant cela, les fourrageurs faisaient leur provision tranquillement, riant et prodiguant les gorges chaudes ; ils savaient bien que les vieux fauconneaux de Caylus étaient muets depuis longtemps.

C’étaient encore des justaucorps de buffle, des feutres belliqueux et de longues rapières : de beaux jeunes gens pour la plupart, parmi lesquels deux ou trois paires de moustaches grises ; seulement, ils avaient de plus que nos