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LE BOSSU.

qu’il était plus noble que le roi, et je n’en démordrai pas ; mais, en somme, on n’a jamais connu ni son père ni sa mère. Quand je l’ai rencontré, il avait douze ans ; c’était dans la cour des Fontaines, devant le Palais-Royal. Il était en train de se faire assommer par une demi-douzaine de vagabonds plus grands que lui. Pourquoi ? Parce que ces jeunes bandits avaient voulu dévaliser la petite vieille qui vendait des talmouses sous la voûte de l’hôtel Montesquieu. Je demandai son nom.

» — Le petit Lagardère.

» — Et ses parents ?

» — Il n’a pas de parents.

» — Qui a soin de lui ?

» — Personne.

» — Où loge-t-il ?

» — Dans le pignon ruiné de l’ancien hôtel de Lagardère, au coin de la rue Saint-Honoré.

» — A-t-il un métier ?

» — Deux plutôt qu’un : il plonge au Pont-Neuf, et il se désosse dans la cour des Fontaines.

» — A pa pur ! voilà de beaux métiers !

» Vous autres, étrangers, s’interrompit ici Cocardasse, vous ne savez pas quelle profession c’est que de plonger au Pont-Neuf. Paris est la ville des badauds. Les badauds de Paris lancent