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LE BOSSU.

— À Dieu ne plaise que ce fût mon intention, madame.

— Vous ne savez pas quel homme était mon père !… vous ne savez pas les tortures de mon isolement !… la contrainte employée !… les menaces…

Lagardère s’inclina profondément.

— Madame, dit-il d’un ton de sincère respect, je sais de quel saint amour vous chérissiez M. le duc de Nevers… Le hasard qui mit entre mes mains le berceau de votre fille me fit entrer malgré moi dans les secrets d’une belle âme… vous l’aimiez ardemment, profondément, je le sais… cela me donne raison, madame… car vous êtes une noble femme… car vous étiez une épouse fidèle et courageuse… et cependant, vous avez cédé à la violence !…

— Pour faire constater mon premier mariage et la naissance de ma fille !

— La loi française n’admet point ce moyen tardif… les vraies preuves de votre mariage et de la naissance d’Aurore, c’est moi qui les ai…

— Vous me les donnerez ! s’écria la princesse.

— Oui, madame. Vous avez, disais-je, malgré votre fermeté, malgré les souvenirs si récents d’un bonheur perdu, cédé à la violence… Eh