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LE BOSSU.

La princesse pleurait, mais son orgueil ne voulait point laisser voir ses larmes.

— Vous ne me connaissez pas, dit-elle, — et vous me jugez !

— Sur un mot, oui, madame, je vous juge… S’il s’agissait de moi, j’attendrais… Il s’agit d’elle, je n’ai pas le temps d’attendre… Dans cette maison où vous n’êtes pas la maîtresse, quel sera le sort de cet enfant ? quelles garanties me donnez-vous contre votre second mari et contre vous-même ?… Parlez, madame : ce sont des questions que je vous adresse… quelle vie nouvelle avez-vous préparée ?… quel bonheur autre en échange du bonheur qu’elle va perdre ?… Elle sera grande, n’est-ce pas ? Elle sera riche ? Elle aura plus d’honneurs, si elle a moins de joie ?… plus d’orgueil et moins de tranquille vertu… Madame, ce n’est pas cela que nous venons chercher… nous donnerions toutes les grandeurs du monde, toutes les richesses, tous les honneurs pour une parole venant de l’âme, et nous attendons encore cette parole… Où est-il votre amour ? Je ne le vois pas… votre fierté frémit, votre cœur se tait… J’ai peur, entendez-vous ! j’ai peur, non plus de M. de Gonzague, mais de vous… de vous, sa mère ! — le danger est là, je le devine, je le sens… et si je ne sais