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LE BOSSU.

Rien n’annonçait non plus qu’ils dussent tomber d’accord. La fierté révoltée d’Aurore de Caylus venait de porter un coup terrible, et dans ce premier moment, elle s’en applaudissait.

Lagardère avait la tête baissée.

— Si vous m’avez vue froide, monsieur, reprit la princesse avec plus de hauteur encore, — si vous n’avez point entendu sortir de ma poitrine ce cri d’allégresse dont vous avez parlé avec tant d’emphase, c’est que j’avais tout deviné ! je savais que la bataille n’était point finie et qu’il n’était pas temps de chanter encore victoire… Dès que je vous ai vu, j’ai eu le frisson dans les veines… Vous êtes beau, vous êtes jeune, vous n’avez point de famille, votre patrimoine ce sont vos aventures… L’idée vous devait venir de faire ainsi fortune tout d’un coup…

— Madame, s’écria Lagardère qui mit la main sur son cœur, — celui qui est là-haut me voit et me venge de vos outrages !

— Osez donc dire, repartit violemment la princesse de Gonzague, — que vous n’avez pas fait ce rêve insensé !…

Il y eut un long silence. La princesse défiait Henri du regard. Celui-ci changea par deux fois de couleur.

Puis il reprit d’une voix profonde et grave :