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LE BOSSU.

qu’un jour… Je venais de compter mon trésor… Je passai un jour tout entier à me demander ce que j’en ferais… J’avais le double, le triple de ce que je croyais… Je répétais dans mon ivresse : Je suis riche ! je suis riche… je vais acheter le bonheur…

Je regardai autour de moi… personne…

Je pris un miroir. Des rides et des cheveux blancs déjà !

Déjà !… N’était-ce pas hier qu’on me battait enfant ?

— Le miroir ment ! me dis-je.

Je brisai le miroir. — Une voix me dit :

— Tu as bien fait ! ainsi doit-on traiter les effrontés qui parlent franc ici-bas !

Et la même voix encore :

— L’or est beau ! l’or est jeune ! Sème l’or, bossu ! Vieillard, sème l’or ! Tu récolteras jeunesse et beauté.

Qui parlait ainsi, monseigneur ?… Je vis bien que j’étais fou.

Je sortis. J’allai au hasard par les rues, cherchant un regard bienveillant, un visage pour me sourire.

— Bossu ! bossu ! disaient les hommes à qui je tendais la main.

— Bossu ! bossu ! répétaient les femmes