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LE BOSSU.

inspecter la mare de sang qui m’a paru raisonnable… Puis j’ai suivi une trace… ah ! ah ! il faut des yeux pour cela !… depuis la tente indienne jusqu’à la rue Saint-Honoré, en passant par le vestibule du pavillon de M. le régent… les valets me demandaient : L’ami, qu’as-tu perdu ?… Le portrait de ma maîtresse, répondais-je, et ils riaient comme de plats coquins qu’ils sont… si j’avais fait faire le portrait de toutes mes maîtresses, jarnicoton ! je payerais un fier loyer pour avoir où les mettre.

— Abrége ! dit Gonzague.

— Monseigneur, je fais de mon mieux… Voilà donc qui est bon… Dans la rue Saint-Honoré il passe tant de chevaux et de carrosses que la trace était effacée… je poussai droit à l’eau.

— Par où ? interrompit le prince.

— Par la rue de l’Oratoire, répondit Passepoil.

Gonzague et ses affidés échangèrent un regard. Si Passepoil eût parlé de la rue Pierre-Lescot, la folle aventure d’Oriol et de Montaubert étant désormais connue, il aurait perdu du coup toute créance.

Mais Lagardère avait bien pu descendre par la rue de l’Oratoire.

Frère Passepoil reprit ingénument :

— Je vous parle comme à mon confesseur,