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LE BOSSU.

— Je vous prie, répondit frère Passepoil en se redressant, quels troupeaux avons-nous gardés ensemble ?… Je ne vous tutoie point… mettez de côté cette familiarité malséante… sauf le bon plaisir de monseigneur.

— Réponds à la question, dit Gonzague.

— L’eau est trouble et profonde, répliqua Passepoil ; à Dieu ne plaise que j’affirme un fait quand je n’ai point une complète certitude.

— Eh donc ! s’écria Cocardasse, je t’attendais là !… Si mon cousin avait menti, sandiéou ! je ne l’aurais revu de ma vie.

Il s’approcha du Normand et lui donna l’accolade chevaleresque en ajoutant :

— Mais tu n’as pas menti, ma Caillou !… Dieu va !… comment le cadavre serait-il aux filets de Saint-Cloud, puisque je viens de le voir à deux bonnes lieues de là, en terre ferme !

Passepoil baissa les yeux. — Tous les regards se tournèrent vers Cocardasse.

— Mon bon, reprit ce dernier en s’adressant toujours à son compagnon, monseigneur va me permettre de rendre un éclatant hommage à ta sincérité… les hommes tels que toi sont rares… et je suis fier de t’avoir pour frère d’armes…

— Laissez ! dit Gonzague en l’interrompant, je veux adresser une question à cet homme.