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LE BOSSU.

douces années qui ne reviennent plus… Le comte Annibal Canozza, des princes Amalfi, était mon cousin… un joyeux vivant, ma foi, et qui fit avec moi plus d’une équipée… Il était riche, très riche… jugez-en : il avait, mon cousin Annibal, quatre châteaux sur le Tibre, vingt fermes en Lombardie, deux palais à Florence, deux à Milan, deux à Rome et toute la célèbre vaisselle d’or des cardinaux Allaria, nos oncles vénérés… J’étais l’héritier unique et direct de mon cousin Canozza… mais il n’avait que vingt-sept ans et promettait de vivre un siècle… je ne vis jamais plus belle santé que la sienne… Vous prenez froid, messieurs mes amis : buvez, je vous prie, une rasade pour vous remettre le cœur.

On obéit, on avait besoin de cela.

— Un soir, poursuivit M. de Gonzague, j’invitai mon cousin Canozza à ma vigne à Spolète… un site enchanteur !… et des treilles !… nous passâmes la soirée sur la terrasse, humant la brise parfumée et causant, je crois, de l’immortalité de l’âme… Canozza était un stoïcien, sauf le vin et les femmes… Il me quitta frais et dispos, par un beau clair de lune… il me semble le voir encore monter dans son carrosse… assurément, il était libre, n’est-ce pas ? bien libre d’aller, lui aussi, où bon lui semblerait… à un