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LE BOSSU.

tière. Il n’en coûtait rien de les laisser à leur poste.

Plus on avait eu peur, plus on était joyeux. C’était le vrai commencement de la fête. L’appétit naissait ; la soif aussi. La gaieté refoulée faisait invasion de toutes parts.

Tubleu ! nos gentilshommes ne se souvenaient plus d’avoir tremblé ; nos financiers étaient braves comme César.

Cependant à tout ridicule comme à toute faute, il faut un bouc émissaire. Le pauvre gros Oriol avait été choisi pour victime : il expiait la poltronnerie générale. On le harcelait, on le pillait : tous les frissons, toutes les pâleurs, toutes les défaillances étaient accumulés sur sa tête.

Oriol seul avait tremblé : ceci fut bien convenu entre ces messieurs.

Il se débattait comme un beau diable et proposait des duels à tout le monde.

— Ces dames ! ces dames ! criait-on, pourquoi ne fait-on pas revenir ces dames ?

Sur un signe de Gonzague, Nocé alla ouvrir la porte du boudoir.

Ce fut comme une nuée d’oiseaux s’élançant hors de la volière. Elles entrèrent parlant toutes à la fois, se plaignant de la longue attente, riant, criant, minaudant.