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LE BOSSU.

— Ne trichons pas !… C’est un combat à mort !

Et les femmes :

— Ils vont se tuer !… Ils sont fous !…

— Ce petit bossu est un diable !

— S’il a autant d’actions bleues qu’on le dit, murmura la Nivelle ; moi, d’abord, j’ai toujours eu un faible pour les bossus !

— Mais voyez donc ce qu’ils absorbent !

— Deux entonnoirs !… deux madrépores !…

— Deux gouffres !… Bravo ! Chaverny.

— Hardi, le bossu !… deux abîmes !

Ils étaient là en face l’un de l’autre, Ésope II, dit Jonas et le petit marquis, entourés d’un cercle qui allait toujours s’épaississant. C’était la seconde fois qu’ils en venaient aux mains.

L’invasion des mœurs anglaises, qui date de cette époque, avait mis à la mode ces tournois de la bouteille.

Auprès d’eux, une douzaine de flacons vides témoignait des vaillants coups portés, ou plutôt avalés de part et d’autre.

Chaverny était livide ; ses yeux déjà injectés de sang semblaient vouloir s’échapper de leurs orbites, mais il avait l’habitude de ces joutes. C’était, malgré l’élégance de sa taille et le peu de capacité apparente de son estomac, un buveur re-