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LE BOSSU.

Le prince aimait beaucoup les Anglais, mais il écoutait peu et pressait la besogne de son valet de chambre.

— Va te coucher, Dubois, mon ami, dit-il au futur prélat, — et ne me romps pas les oreilles.

— J’irai me coucher tout à l’heure, répliqua l’abbé, — mais savez-vous la différence qu’il y a entre votre Mississipi et le Gange ?… entre vos escadrilles et leurs flottes ?… entre les cabanes de votre Louisiane et les palais de leur Bengale ?… savez-vous que vos Indes à vous sont un mensonge et qu’ils ont, eux, le vrai pays des Mille et une Nuits, la patrie des trésors inépuisables, la terre des parfums, la mer pavée de perles, les montagnes dont le flanc recèle des diamants ?…

— Tu es gris, Dubois, mon vénérable précepteur… va te coucher !

— Votre Altesse Royale est sans doute à jeun ! repartit l’abbé en riant ; — je ne vous dis plus qu’un mot : Étudiez l’Angleterre… resserrez les liens…

— Vivedieu ! s’écria le prince ; — tu as fait ce qu’il fallait et au-delà pour gagner les pensions dont lord Stair te paye fidèlement les arrérages… Abbé, va te coucher !