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LE BOSSU.

— Monseigneur, reprit-il, — peut être bien persuadé que je n’attache pas plus d’importance qu’il ne faut à ce détail. Étant donné Lagardère avec son intelligence et son audace, la chose devait être ainsi. Elle est. J’en avais les preuves avant l’arrivée de Lagardère à Paris. Depuis son arrivée, l’abondance des preuves nouvelles rend les anciennes absolument superflues.

Madame la princesse de Gonzague, qui n’est point suspecte de me prêter trop souvent son aide, renseignera Votre Altesse Royale à ce sujet.

Mais revenons à nos faits. — Le voyage de Lagardère dura deux ans. Au bout de ces deux années, la gitanita, instruite par les saintes filles de l’Incarnation, était méconnaissable. Lagardère, en la voyant, dut concevoir le dessein dont nous venons de parler. Les choses changèrent. La prétendue Aurore de Nevers eut une maison, une gouvernante et un page, afin que les apparences fussent sauvegardées.

Le plus curieux, c’est que la véritable Nevers et sa remplaçante se connaissaient et qu’elles s’aimaient. — Je ne puis croire que la maîtresse de Lagardère soit de bonne foi : cependant, ce n’est pas impossible.

Il est assez adroit pour avoir laissé à cette belle enfant sa candeur tout entière.