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LE BOSSU.

qu’un accusé ordinaire, monseigneur, et laissez-moi du moins le bénéfice de l’évidence… Pendant près de vingt ans, Lagardère est resté sans donner signe de vie… Pensez-vous qu’il ne lui ait point fallu un motif pour songer à rentrer en France précisément à cette heure… et pensez-vous que ce motif n’ait point été l’enlèvement même de la vraie Nevers ?… S’il faut mettre les points sur les i, Lagardère a-t-il pu faire un autre raisonnement que celui-ci : Si je laisse M. de Gonzague installer à l’hôtel de Lorraine l’héritière du feu duc, où s’en vont mes espoirs… et que ferai-je de cette belle fille qui valait des millions hier, et qui demain ne sera plus qu’une gitana plus pauvre que moi ?…

— On pourrait retourner l’argument, objecta le régent.

— On pourrait dire, n’est-ce pas, fit Gonzague, que Lagardère, voyant que j’allais faire reconnaître une fausse héritière, a voulu représenter la véritable ?

Le régent inclina la tête en signe d’affirmation.

— Eh bien, monseigneur, poursuivit Gonzague, il n’en resterait pas moins prouvé que le retour de ce Lagardère a eu lieu par mon fait… je ne demande pas autre chose… Voici, en effet,