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LE BOSSU.

Dona Cruz se rapprocha involontairement.

— Hier, reprit la princesse, j’étais l’ennemie de cet homme… sais-tu pourquoi ?… il m’avait pris ma fille, et les apparences me criaient : Nevers est tombé sous ses coups…

La taille d’Aurore se redressa, mais ses yeux se baissèrent. Elle devint si pâle, que sa mère fit un pas pour la soutenir. Aurore lui dit :

— Poursuivez, madame ; j’écoute… Je vois à votre visage que vous avez déjà reconnu la calomnie.

— J’ai lu tes souvenirs, ma fille, répondit la princesse ; c’est un éloquent plaidoyer… l’homme qui a gardé si pur un cœur de vingt ans sous son toit ne peut être un assassin… l’homme qui m’a rendu ma fille telle que j’espérais à peine la revoir dans mes rêves les plus ambitieux d’amour maternel, doit avoir une conscience sans tache…

— Merci pour lui, ma mère… N’avez-vous pas d’autre preuve que cela ?

— Si fait… j’ai les témoignages d’une digne femme et de son petit fils… Henri de Lagardère…

— Mon mari, ma mère…

— Ton mari, ma fille, prononça la princesse en baissant la voix, n’a pas frappé Philippe de Nevers, il l’a défendu.