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LE BOSSU.

Il promenait à la ronde son regard qui faisait baisser les yeux.

— Mon cousin, dit Navailles à voix basse, chacune de vos paroles semble une menace…

— Mon cousin, répliqua Gonzague, mes paroles sont toutes simples… Ce n’est pas moi qui menace, c’est le sort.

— Que se passe-t-il donc ? demandèrent plusieurs voix à la fois.

— Peu de choses… La fin d’une partie se joue… j’ai besoin de toutes mes cartes.

Comme le cercle se rétrécissait involontairement, Gonzague les mit à distance d’un geste quasi royal, et se posa, le dos au feu, dans une attitude d’orateur.

— Le tribunal de famille s’assemble ce soir, dit-il, et Son Altesse Royale en sera le président.

— Nous savons cela, monseigneur, dit Taranne ; et nous avons été d’autant plus étonnés de la tenue que vous nous avez fait prendre… On ne se présente pas ainsi devant une pareille assemblée.

— C’est juste, fit Gonzague ; aussi n’ai-je pas besoin de vous au tribunal.

Un cri d’étonnement s’échappa de toutes les poitrines. On se regarda, et Navailles dit :

— S’agit-il donc encore de coups d’épée ?