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LE BOSSU.

Il dépassait les plus hauts de la tête, et ses yeux lançaient des éclairs.

— Ce ne sont pas vos affaires ! reprit-il d’une voix plus pénétrante ; — vous m’engagez à parler pour moi-même… je vous jure Dieu, moi, mes vertueux amis, que ce sont vos affaires, — la plus grave et la plus grosse de vos affaires… — votre unique affaire en ce moment… Je vous ai donné part au gâteau, vous y avez mordu avidement… Tant pis pour vous si le gâteau était empoisonné !… Tant pis pour vous ! votre bouchée ne sera pas moins amère que la mienne !… Ceci est de la haute morale ou je n’y connais rien, n’est-ce pas, baron de Batz, rigide philosophe ?… vous vous êtes cramponnés à moi, pourquoi ? apparemment pour monter aussi haut que moi ? montez donc, par la mort-Dieu ! montez ! avez-vous le vertige ?… montez, montez encore… montez jusqu’à l’échafaud !

Il y eut un frisson général. Tous les yeux étaient fixés sur le visage effrayant de Gonzague.

Oriol, dont les jambes tremblaient en se choquant, répéta malgré lui le dernier mot du prince : L’échafaud !

Gonzague le foudroya par un regard d’indicible mépris.