Page:Féval - Le Bossu (1857) vol 4-6.djvu/653

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
207
LE BOSSU.

— Vous aussi, mon cousin de Navailles ? demanda Gonzague.

— Que monseigneur ordonne, répliqua celui-ci, pâle et les yeux baissés.

Gonzague lui tendit la main, et s’adressant à tous du ton d’un père qui gourmande à regret ses enfants :

— Fous que vous êtes ! dit-il ; vous êtes au port et vous alliez sombrer, faute d’un dernier coup d’aviron !… Écoutez-moi et repentez-vous… quel que soit le sort de la bataille, je vous ai sauvegardés d’avance : demain, les premiers à Paris, ou chargés d’or et pleins d’espérance sur la route d’Espagne !… Le roi Philippe nous attend, et qui sait si Alberoni n’abaissera pas les Pyrénées dans un tout autre sens que ne l’entendait Louis XIV ?… À l’heure où je vous parle, interrompit-il en consultant sa montre, Lagardère quitte la prison du Châtelet pour se diriger vers la Bastille où doit s’accomplir le dernier acte du drame… mais il n’ira pas tout droit… sa sentence porte qu’il fera amende honorable au tombeau de Nevers… Nous avons contre nous une ligue composée de deux femmes et d’un prêtre… vos épées ne peuvent rien contre cela !… non… Une troisième femme, dona Cruz, flotte entre