Page:Féval - Le Fils du diable - Tomes 1-2.djvu/460

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depuis la mort de notre correspondant Zachœus, et c’est à peine si nous pouvions y croire !

— C’était la vérité pourtant… Ce prétendu Klob avait été si loin dans l’intimité de notre commun patron, qu’il en savait plus long que moi-même… À cause de cela, j’ai eu occasion de pénétrer jusqu’à lui, de temps à autre, afin d’obtenir certains renseignements qui me manquaient et dont j’avais besoin dans ma position nouvelle… En le voyant j’ai vu ses frères.

Il y avait des émotions diverses sur les traits des trois associés. Abel était pâle et son visage exprimait une sorte de terreur. Reinhold et José Mira examinaient le baron avec une curiosité avide.

— Est-il vrai qu’ils se ressemblent trait pour trait ? demanda Reinhold.

— Il y a bien quelque chose comme cela, répliqua Rodach, mais vous savez, on exagère toujours…

— Et ressemblent-ils au comte Ulrich leur père ? demanda le docteur dont l’œil était de feu en ce moment.

— Non, répondit Rodach sans hésiter.

— Et que disent-ils ?… demanda Reinhold.

— Ils disent qu’ils ont tué le praticien Zachœus Nesmer, l’un des assassins de leur père.

Reinhold et Mira baissèrent les yeux à la fois.

— Comment ! s’écria le jeune de Geldberg, — ils avouent !…

— Pas devant la justice… mais ils l’ont avoué devant moi ; je dirai plus, ils s’en font gloire.

— Ce sont des scélérats endurcis ! murmura le jeune homme.

— Ce sont des hommes résolus, dit le baron en fixant son regard froid sur les deux autres associés, — et qui ne comptent qu’avec leur conscience.

— Êtes-vous donc leur ami ? balbutia Reinhold.

Le baron fronça le sourcil et son œil hautain eut un éclair.

— Je suis le baron de Rodach, répliqua-t-il en relevant la tête ; — leur père m’a refusé autrefois la main de sa fille Margarethe qui m’aimait… et je déteste tout ce qui touche de près ou de loin au sang de Bluthaupt !