Page:Féval - Le Fils du diable - Tomes 1-2.djvu/599

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— Il n’y a qu’à l’inviter à la fête…

Petite frappa dans ses mains : elle avait compris à demi-mot. Reinhold cherchait encore.

— À la fête ?… répéta-t-il.

— Au château de Geldberg ! dit Petite ; — nous serons lâchez nous, et nous n’aurons pas besoin d’un duel.

Reinhold tendit la main au Portugais.

— Docteur, dit-il, vous parlez peu, mais vos paroles valent de l’or !… Il est certain que si nous l’amenons jusqu’au château de Geldberg, l’affaire est faite… Mais sous quel prétexte l’inviter, maintenant que nous l’avons chassé des bureaux ?

— Je m’en charge, répondit madame de Laurens, — et je réponds qu’il viendra.

— C’est au mieux ! s’écria le chevalier ; — alors il faut hâter la fête.

— Et prendre ses mesures d’avance, ajouta le docteur ; car vous ne trouverez guère de gens comme il vous les faut, parmi ces sauvages de Wurtzbourg.

— C’est encore vrai, dit Reinhold ; ah ! docteur ! quel homme précieux vous faites !… Je connais ici un bon garçon qui pourrait bien nous convenir.

— Il en faut plusieurs.

— Je connais une femme, dit à son tour Sara, — qui serait peut-être en position de nous fournir d’excellents sujets…

— Mon homme en amènera tant qu’on voudra, dit Reinhold.

Petite se leva.

— À quand la fête ? dit-elle.

— Les préparatifs doivent être fort avancés, répondit le chevalier, et nous serons libres après l’échéance du 10… Quant aux frais, le Ciel nous a envoyé un bailleur de fonds auquel nous ne nous attendions pas… On peut lancer les invitations.

— Faites, dit Sara ; le plus tôt sera le mieux… moi je vais m’occuper de ce petit Franz…

Elle quitta l’embrasure et se dirigea vers le foyer.

Remhold regarda le Portugais en dessous d’un air narquois.