Page:Féval - Le Fils du diable - Tomes 1-2.djvu/620

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Nul empereur ne vint et le repas de madame Huffé s’acheva paisiblement en tête-à-tête avec son chat.

Sara, cependant, avait longé le trottoir boueux de la rue du Vert-Bois et gagné l’enclos du Temple. Un instant elle se dirigea vers l’endroit où son coupé l’attendait ; mais, au bout de quelques secondes, elle s’arrêta irrésolue. Puis elle revint sur ses pas, et s’engagea dans la rue du Petit-Thouars.

Le Temple était désert depuis longtemps.

L’activité s’était réfugiée de l’autre côté de la rue, dans ces boutiques de passementiers où l’on voit des troupeaux de femmes tordre des franges du matin au soir.

Petite s’éloignait le plus possible des magasins, et marchait sur le trottoir qui borde les baraques du Temple.

Comme elle arrivait à la hauteur de la rue du Puits, elle vit, aux lueurs des réverbères, la silhouette vive et svelte d’un jeune homme qui sortait de la place de la Rotonde.

Petite crut reconnaître Franz. Elle hâta le pas pour voir où il se rendait.

Lorsqu’elle eut tourné l’angle de la place, le jeune homme avait déjà disparu, mais on entendait encore son pas dans une allée voisine.

Petite s’avança jusqu’à cette allée, qui était celle de la maison de Hans Dorn.

Elle fut un instant sur le point d’entrer, mais elle crut ouïr, dans les ténèbres de l’étroit couloir, comme un chant murmurant et confus. Elle n’osa pas.

Elle redescendit vers le carreau solitaire et se glissa sous le péristyle de la Rotonde.

Au moment où elle tournait le dos, une ombre difforme sortit de l’allée et la suivit de loin.

Madame de Laurens s’arrêta devant le trou du bonhomme Araby. De ce côté des galeries, il n’y avait pas une âme. Petite, néanmoins, regarda tout autour d’elle avec précaution. Elle avait cet air cauteleux et craintif de l’homme qui va commettre un crime.

Elle ne vit rien, elle n’entendit rien, sinon des clameurs rauques et