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à la tournure bizarre qui lui était apparu, la veille, dans le corridor, au moment où il sortait de la chambre de Lia.

Cette fois, comme l’autre, le vieillard surgissait avec une sorte de mystère. Il y avait bien une porte, mais Rodach ne l’avait point remarquée.

Cette fois, comme l’autre, le vieillard se montrait avec une figure effarouchée ; il jeta son regard cauteleux et vif par-dessous sa grande visière, à droite, puis à gauche. Au moment où il aperçut Rodach, il fit un soubresaut et rentra dans son mur.

La porte s’était refermée comme par enchantement.

Rodach resta un instant les yeux fixés sur cette porte close ; son visage où il y avait de la surprise, était pensif.

Ses idées venaient de changer leur cours.

Il déchira le billet commencé et tourna l’angle du passage, de manière à se cacher derrière la saillie du mur.

Et il attendit. Le lieu était découvert ; il se trouvait là exposé aux regards des gens qui se rendaient à l’hôtel ; mais, bien qu’il lui importât évidemment de n’être point reconnu, il demeura ferme à son poste, se bernant à rabattre davantage les larges bords de son chapeau.

Deux ou trois minutes s’écoulèrent ; la petite porte restait close. Au bout de ce temps, le grincement léger, entendu déjà, se produisit de nouveau ; la porte tourna sur ses gonds, et le petit vieillard reparut au seuil.

Son regard, plus timide, fit l’examen du passage ; personne ne s’y trouvait en ce moment. Le petit vieillard referma la poterne vivement, et se rait à marcher d’un pas mal assuré dans la direction de la rue d’Anjou.

Rodach sortit de sa cachette et le suivit.

Le vieillard allait, courbé en deux, et s’emmaillotant de son mieux dans les plis de sa houppelande. Sa marche incertaine et tremblante décrivait des zigzags dans l’étroit passage, et l’on devait s’attendre à le voir trébucher contre la première aspérité du chemin, mais ses petits yeux gris et perçants étaient meilleurs que ses jambes ; il évitait les obstacles avec prudence, et poursuivait sa route, menaçant chute toujours et ne tombant jamais.

Rodach faisait tout ce qu’il pouvait pour étouffer le retentissement so-