— Attendez ! dit Goëtz, voici un trou assez large pour laisser passer une belette.
Albert et Otto se rapprochèrent de lui.
— C’est le sentier, dirent-ils en même temps ; les ronces ont grandi… mais en jetant nos manteaux d’avance, par-dessus le bord, nous passerons.
Otto s’avança vers le trou, Goëtz le retint et passa devant lui.
— Vous êtes la tête, vous, frère Otto, dit-il ; laissez faire un peu les bras !
Il s’accrocha des deux mains au gazon de la pelouse, et se plongea dans le trou à reculons. On entendit le grincement de ses habits, déchirés par les broussailles ; ses mains lâchèrent prise, il disparut.
La bordure de broussailles présentait maintenant un trou qui avait à peu près le diamètre du corps d’un homme.
Otto et Albert avancèrent à la fois la tête à l’orifice du trou.
Ils entendirent la voix de Goëtz qui grommelait en bas du fossé.
— Du diable s’il me reste le quart de ma peau !… allez, venez, vous autres !… je suis le plus gros et vous glisserez là-dedans tout à votre aise.
Albert, imitant l’exemple donné, entra dans le fossé à reculons et disparut à son tour.
Puis enfin Otto.
Goëtz lavait ses mains sanglantes dans l’eau froide de la douve.
— Vous n’êtes pas blessé ? demanda Otto.
— Chut ! fit Goëtz en montrant du doigt la lumière qui était maintenant juste au-dessus de leurs têtes, et qui semblait se balancer dans la vide ; on cause là-haut… Et l’on travaille.
Les yeux d’Albert et d’Otto se relevèrent ; durant quatre ou cinq secondes, leurs regards essayèrent de percer l’obscurité.
À force de tâcher, ils aperçurent enfin, autour de la lumière, trois ombres qui s’agitaient, suspendues sous les murailles par une attache mystérieuse.
D’en bas, il était impossible de reconnaître à quel genre de besogne se livraient ces mystérieux ouvriers, on entendait parfois comme le grincement d’une vis ou d’un essieu, et parfois des mots sans suite tombaient