Page:Féval - Le Mari embaumé, 1866, tome 2.djvu/123

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blancs, mais gardant une élégante et belle tournure, s’approcha.

— Le roi s’impatiente, lui dit M. de Beaufort.

Le baron de Gondrin était, en vérité, aussi bien à sa place ici que chez Marion la Perchepré. Il salua la reine fort galamment, baisa la main de l’enfant roi, et dit : On vient de m’annoncer que mes deux sorciers sont à leurs postes et préparent leurs prestiges. Sa Majesté n’attendra pas longtemps.

— Il n’y a rien là dedans, j’espère qui puisse effrayer le roi ? demanda Anne.

— Madame, répliqua Gondrin, je me suis fait un devoir d’assister moi-même à une montre de cette merveille nouvelle.

— Dites ce que c’est, monsieur, tout de suite, ordonna le roi.

Le cercle se resserra, et les gens disséminés dans le salon se rapprochèrent.

— Comme notre maître sait déjà bien commander ! dit l’évêque de Beauvais.

Le jeune duc d’Enghien, dont l’œil perçant couvrait le visage du petit roi, murmura :

— Sous son règne, il n’y aura point de Richelieu !

— Madame, répondait la douce voix de Mazarin à une question de la comtesse de Pardaillan, je ne suis rien, je ne peux rien. Mieux vaudrait pour vous être protégée par le dernier des valets de la reine !

En achevant cette déclaration, il releva sur madame Éliane un regard de velours et ajouta entre haut et bas :

— On dit que vous êtes bien riche, madame ?