Page:Féval - Le Mari embaumé, 1866, tome 2.djvu/150

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jesté ; une paire de pistolets ! Quand je vais être premier ministre, je le consulterai, oui bien.

« — Monsieur, a-t-il répondu, je ne suis qu’un enfant, mais chaque jour, désormais, va me corriger un peu de ce défaut-là. Jusqu’à voir, je ne commande pas, je prie ; mais je garderai souvenir de ceux qui auront exaucé mes prières et de ceux qui les auront repoussées. » Après quoi, il a tourné le dos, laissant le bonhomme évêque aussi bien mort que s’il eût reçu une paire d’arquebusades. Et voici vos lettres patentes, baron, avec mes compliments bien sincères. Je vous devais cela ; nous sommes quittes. Bonsoir ! Je vais retrouver madame de Montbazon, à qui les bontés de la reine à mon endroit donnent bien de la jalousie.

Quand il fut parti, Gondrin, triomphant, revint vers le More qui s’était tenu à l’écart.

— Je crois, mon camarade, dit-il, que nous aurons aisément la protection de M. le lieutenant de roi.

— J’ai compris, répondit don Estéban sans rien perdre de sa glaciale froideur : vous êtes vous-même lieutenant de roi ; je pense que ce brevet est en règle ?

Il reçut des mains du baron le parchemin qu’il approcha de la lampe pour l’examiner attentivement.

— C’est bien, poursuivit-il, M. de Beauvais était pressé d’obéir. Il s’est servi d’un blanc-seing de la reine régente pour ne pas attendre à demain. Il a bien fait, et c’est heureux pour nous. Vous voici, monsieur le baron, en bonne passe