Page:Féval - Le Mari embaumé, 1866, tome 2.djvu/194

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tournure de beau petit gentilhomme qu’il avait pour porter une brette de page. D’un autre côté, la dame de ses pensées n’était point une de ces princesses qui commandent une discrétion à toute épreuve, mais on ne l’avait point interrogé.

C’était lui qui avait demandé fort insolemment, ma foi, quel gibier Gaëtan chassait sur ses terres.

Et Gaëtan, lui, ne pouvait pas répondre : d’abord parce qu’il s’agissait de mademoiselle de Pardaillan, ce qui eut suffit et au delà à fermer sa bouche loyale, ensuite parce que la présence de mademoiselle de Pardaillan à Paris était un secret.

Voici bien des paroles dites ; leur conversation ne fut pas si touffue. Ils longèrent en courant la ruelle qui faisait face à l’hôtellerie de l’Image Saint-Pancrace et tombèrent en garde avidement, comme deux voyageurs affamés qui se jettent sur un dîner d’auberge.

Les flamberges folles se choquèrent en rendant des étincelles. Au bout d’une minute il y avait des blessures aux pourpoints, et je ne sais vraiment ce qui serait arrivé si la grande râpière de don Estéban ne s’était mise tout à coup entre les deux épées.

Ils y allaient si bon jeu, si bon argent, qu’aucun d’eux n’avait pris garde à l’approche du More. Ils se retournèrent en même temps, irrités et stupéfaits.

— Mes mignons, leur dit le More, ne vous fâchez point contre moi. J’ai bien de l’avantage sur vous : je vous connais tous les deux, et vous ne me connaissez ni l’un ni l’autre. Croyez-moi, vous aurez