Page:Féval - Le Mari embaumé, 1866, tome 2.djvu/209

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ce ne fut qu’une vision, confuse et surtout passagère, car le soleil, en se couchant, étendit sur tout cela une ombre uniforme et plus épaisse, mais le coq resta visible, comme une estampe découpée à l’emporte-pièce et collée sur le clair du ciel.

Notre jeune homme se remit en selle joyeusement.

— Hardi ! Rodomont ! s’écria-t-il. Encore un effort ! Nous sommes au bout de nos peines. Où diable avais-je les yeux ? J’ai vu dix fois ces ombres chinoises, et je n’y reconnaissais rien. Hardi ! mon bon cheval ! Dans une heure, nous serons au tournebride, à la porte de maître Minou Chailhou, l’aubergiste le moins occupé de l’univers ! Ce n’est pas chez celui-là qu’on peut craindre de trouver les chambres pleines et l’écurie encombrée. Maître Chailhou passe souvent sa semaine sans voir un seul voyageur, et si la pitance est maigre chez lui, du moins y a-t-il toujours de la place !

Rodomont semblait, en vérité, comprendre ces consolantes paroles ; il redressait sa tête affaissée, couchait ses oreilles et marchait au trot.

Bientôt d’autres lueurs s’allumèrent dans le noir espace que notre voyageur ne quittait plus de l’œil désormais. Ce n’étaient plus les vagues reflets de la pourpre du ciel. On pouvait distinguer dans les communs du château et aussi dans le village groupé sous le coq du clocher des fenêtres assez nombreuses qui allaient successivement s’éclairant.

— Malepeste ! pensa l’étranger, c’est donc fête