Page:Féval - Le chevalier ténèbre, 1925.djvu/100

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— Demain matin, il y aura du bruit à l’hôtel des Princes, dit le grand en riant, quand on trouvera les oiseaux envolés !

— On était mieux là qu’ici, répliqua le petit, j’aime cette rue de Richelieu. Si jamais je viens m’établir à Paris pour tout à fait, je me donne un hôtel au coin de la rue de Richelieu et du boulevard, c’est décidé.

— Moi, je préfère cette riante maison qui regarde la rue de la Paix, reprit le baron, l’hôtel d’Osmond, je crois : je me payerai cela quelque matin… Mais je pense au bruit qu’on fera demain chez nous ! c’est drôle.

Il se mit à rire.

— Tu as été superbe ! dit le cadet du bout des lèvres.

— Et toi bien gentil, riposta l’aîné : mais il faut avouer aussi que ces Parisiens sont la crème des dupes.

— Le peuple le plus spirituel de l’univers ! murmura Bénédict en bâillant.

M. le baron reprit sa promenade.

— Il y a beaucoup de petites machines sans valeur dans cette quête, poursuivit-il d’un ton dédaigneux ; excepté ta bague et ma boite, je ne vois guère que le bracelet de la princesse…

— Veux-tu que je te dise ? répartit Bénédict, les Parisiennes font faire des bijoux pour les jours de quête.

Le baron sourit et avala un plein verre de punch d’un coup. Il emplit ensuite le verre de Bénédict, qui le but aussi jusqu’au fond, mais, à petites gorgées, en disant :

— Nous n’aurons pas un millier de louis de tout cela, décidément, Paris est une baraque !

— Pour travailler, oui… ; mais quand on est retiré des affaires, c’est bien agréable.

Ce fut le grand qui dit cela et il s’interrompit pour ajouter en déposant sur la table son immense pipe de porcelaine. — J’ai prononcé le mot : parlons