Page:Féval - Le chevalier ténèbre, 1925.djvu/67

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— Et de vous informer près de lui, acheva-t-elle avec un sourire où naissait un espoir, si ce sont bien eux que nous venons de voir.

— Eux… répéta Gaston ; eux qui, madame, je vous prie ?

La princesse frappa du pied et répondit :

— Mon Dieu ! les frères Ténèbre !

Gaston la regarda d’un air stupéfait. Elle vit alors qu’elle avait eu tort d’espérer. Gaston n’était pas encore à la hauteur.

— Allez, dit-elle pourtant, et faites comme vous pourrez.

Gaston n’hésita pas. Il alla tout d’un temps vers M. d’Altenheimer. Sa mère le suivait de l’œil et se disait :

— Son frère, M. le duc, s’est débrouillé de trop bonne heure. Ce pauvre Gaston, lui, est bien en retard. Pourvu que cela vienne…

Gaston, en ce moment, abordait très résolument le baron qui lui prodiguait les saluts dont il comblait si volontiers tout le monde. Gaston n’avait pas l’air déconcerté. La conversation s’établit tout de suite entre lui et M. d’Altenheimer. Gaston parlait, en vérité, très librement et se faisait écouter.

L’heureuse mère ! deux fois heureuse, car elle voyait le progrès de son fils et son fils allait lui apporter des nouvelles, l’heureuse mère triompha dans son cœur et pensa : Cela viendra !

Le mot de toutes les mères.

Voici cependant comment M. le marquis Gaston de Lorgères accomplissait la mission hautement confidentielle dont Mme  la princesse l’avait chargé.

— Monsieur le baron, dit-il, je vous ai écouté ce soir avec autant de plaisir que d’attention.

— Je rends grâces à M. le marquis… commença l’Allemand.

— Et vous le comprendrez, poursuivit Gaston, lorsque vous saurez qu’à l’intérêt si remarquable de