Page:Féval - Le chevalier ténèbre, 1925.djvu/78

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— J’ai confiance en vous, et je ferai selon votre volonté.

Comme s’il n’eût attendu que cette promesse, M. le marquis de Lorgères s’inclina et se dirigea rapidement vers la porte opposée à celle qui lui avait donné entrée. Il traversa le vestibule, descendit l’escalier et gagna les jardins.

Ce n’était pas pour rafraîchir sa tête nue, que M. le marquis de Lorgères se livrait à cette promenade nocturne. Il allait, regardant autour de lui attentivement et s’arrêtant même parfois pour écouter. La nuit était noire, mais Paris ne dormait pas, et l’on entendait encore au lointain ses grands murmures : au-dessus de ces bruits sourds on en pouvait saisir de plus voisins et de plus distincts : des pas, des chuchotements, des rires étouffés ; les ténèbres étaient habitées autour du château.

Gaston gagna le parc et chercha un endroit bien touffu. Il pénétra au milieu d’un buisson, regarda encore autour de lui, écouta avec plus de soin, et finit par cacher au plus épais du fourré un objet qu’il tira de son sein.

Puis il reprit sa course vers le château et rentra dans le salon par la porte principale…

M. le baron d’Altenheimer, qui semblait remplir ici l’office de concierge, tant il était fidèle à son poste, auprès de la porte, eut un léger mouvement de surprise à l’aspect de Gaston. Ce fut l’affaire d’une seconde ; après quoi, sa longue figure reprit son expression de placidité.

— Monsieur le marquis n’a donc pas entendu mon frère Bénédict ? dit-il.

— Si fait, répondit Gaston, qui adressa un sourire complimenteur à monsignor ; entendu et applaudi.

Monsignor remercia, le baron ajouta :

— Je n’avais pas vu sortir M. le marquis.

Gaston passa en répondant :