Page:Féval - Le chevalier ténèbre, 1925.djvu/95

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

grande ville, dont on devinait la présence pourtant aux rouges réverbérations qui teintaient vers le sud ouest la coupole abaissée des nuages.

— C’était une crainte d’enfant ! pensa M. le marquis de Lorgères ; et cependant, j’ai ouï dire que, dans des cas semblables, il peut arriver qu’on fouille tout le monde, même chez le roi ! je me doutais bien qu’il y aurait un vol… Si l’on avait trouvé cela sur moi !…

Il avait dépassé la lisière d’une grande futaie d’ormes, dont le sous-bois était formé de buissons d’épines et de troënes, où serpentaient les pousses tressées de chèvrefeuille.

C’était là qu’il était venu dans la soirée ; il s’en souvenait bien, mais le bosquet d’ormes avait plus d’un arpent d’étendue, et comment retrouver un point précis au milieu de cette obscurité profonde ?

Il profita du premier éclair pour poursuivre la lisière de la futaie, cherchant le petit sentier qu’il avait manqué une fois déjà.

Le second éclair lui montra une douzaine de petits sentiers qui tous se ressemblaient et pénétraient tortueusement dans le sous-bois. En même temps, il commença d’entendre sur le pavé de la grande route le roulement des voitures ; c’étaient les hôtes du château qui se retiraient ; on allait bientôt fermer les portes : il fallait se hâter.

Gaston prit au hasard un des sentiers et le suivit pendant une centaine de pas ; le sentier le conduisit tout droit à une énorme souche autour de laquelle il y avait des tas de bois mort. Gaston revint sur ses pas en courant et prit un autre, puis un autre encore : tous allaient au plus épais du fourré.

Les lumières s’éteignaient aux fenêtres du château. Il ne fallait déjà plus songer à sortir par la grille.

Une heure entière se passa ainsi en recherches vaines, et Gaston perdait courage, lorsqu’un éclair alluma une étincelle à ses pieds. Un plan métallique