Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 1, 1850.djvu/115

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oh ! toujours ! toujours !… Et parfois je me demande si Blanche…

Il s’interrompit. La nuit cachait la pâleur livide de son visage. Une pensée affreuse venait de lui traverser le cœur.

— Louis !… Louis !… mon frère !… prononça-t-il encore en reprenant sa marche vers le haut pays.

On n’eût point su dire si l’émotion qui faisait trembler sa voix était l’angoisse de la tendresse qui regrette ou un amer mouvement de colère jalouse.

Durant quelques secondes, il marcha d’un pas rapide, puis il s’arrêta tout à coup.

Le son lointain d’une trompe se faisait entendre en avant de lui dans la direction du cours de la Verne. Des cris, dont il devinait la signification connue, arrivaient faibles et mouraient à son oreille.

Ils disaient :

— L’eau !… l’eau !… l’eau !

Quand le vent cessait de mugir, il entendait un bruit sourd, semblable à un lointain tonnerre.

C’était l’inondation qui arrivait…

Penhoël s’éveilla de sa navrante rêverie et se souvint du motif qui l’avait fait sortir du manoir.