Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 1, 1850.djvu/125

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d’emphase, quand la main de Dieu est sur un étranger, prenez garde !… laissez mourir l’étranger, ou il vous prendra le salut de votre âme et la vie de votre corps !…

Les cris s’entendaient encore, mais à chaque instant plus faibles.

— Une dernière fois, dit René dont les paroles avaient peine à passer entre ses dents serrées, la clef !… ou gare à toi !

Et comme le passeur n’obéissait point encore, Penhoël le saisit à la gorge et le terrassa.

L’instant d’après il se relevait, tenant à la main la clef conquise, et s’élançait précipitamment au dehors.

Benoît Haligan se dressa sur ses pieds à son tour et sortit de la loge.

— Penhoël ! criait-il, mon bon maître !… n’allez pas !… au nom de Dieu !… Nos pères le disaient avant nous… L’étranger qu’on sauve nous prend le salut de notre âme et la vie de notre corps !…

René ouvrait le cadenas qui retenait le bac fixé au tronc d’un arbre.

Les eaux avaient une violence terrible. Il lui fallut toute son habileté d’homme robuste et jeune pour sauter dans le bateau qu’emportait déjà le courant.

Et cependant, quand il se retourna pour saisir