Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 1, 1850.djvu/132

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Robert écrivit ce nom sur son calepin, qu’il remit ensuite dans sa poche.

La nuit tombait rapidement, et à mesure que l’obscurité venait, les grands nuages noirs où s’était couché le soleil montaient lentement à l’horizon.

Ils couvraient déjà le tiers du ciel du côté de l’occident, tandis qu’à l’orient et au nord les étoiles commençaient à briller.

Les rafales devenaient de plus en plus rares, et bien qu’on fût à la fin de l’automne, l’atmosphère lourde semblait chargée d’électricité.

La route, qui avait suivi jusqu’alors les sommets d’une petite chaîne de collines, s’enfonçait au loin dans une vallée sombre et boisée.

Nos deux voyageurs descendirent la côte au trot de leurs chevaux. Ils gardaient maintenant tous les deux le silence et se perdaient à plaisir dans des rêves charmants.

Après bien des traverses, la fortune leur souriait enfin. Adieu les jours de misère ! plus jamais d’inquiétude pour le pain du lendemain ! Ils allaient devenir des gens paisibles et honorés, des propriétaires !

Chacun d’eux, suivant sa nature, bâtissait ses châteaux. Blaise hésitait franchement entre la bonne vie de la campagne et les plaisirs de la ville. Robert songeait à utiliser son influence ;