Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 1, 1850.djvu/138

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tous les autres !… ne bougez pas… Mais si ce monsieur-là fait mine d’armer son pistolet, fusillez-le-moi comme un lièvre !

Personne ne répondit. Seulement le bruit de feuilles sèches augmenta dans le taillis.

— C’est bien, mes fils, reprit le chef ; pas un mot !… c’est la consigne !… Quand on parle, les voix se reconnaissent, et il en revient toujours quelque chose à la cour d’assises.

Tandis que le chef bavard des bandits taciturnes faisait à ses subordonnés cette leçon de morale, Robert avançait la tête par-dessus le cou de sa monture et tâchait d’apercevoir ses traits ; mais la nuit était trop profonde.

Le uhlan reprit en s’adressant aux deux voyageurs :

— Ah ! ah ! mes pauvres messieurs !… vous n’avez que quarante mille francs de rente, et le gouvernement n’a pas honte de vous demander des impôts !… Savez-vous bien que c’est épouvantable ?

Il s’interrompit pour crier à sa troupe toujours immobile :

— Vous autres, ne bougez pas !…

Robert tendait l’oreille et regardait de tous ses yeux.

Il eût payé dix louis un rayon de lune, sur son aisance future.