Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 1, 1850.djvu/143

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était sorti du bois et tournait autour des chevaux, la queue basse et d’un air affamé.

— Ah çà ! mon brave, dit Robert en présentant la gourde à Bibandier, je ne te comprends pas !… Il n’y a pas un pays au monde où une douzaine de bons garçons ne puissent se tirer d’affaire… Que diable fais-tu donc de tous ces grands gaillards ?

Le pauvre bandit but une énorme lampée d’eau-de-vie. Cela parut lui rendre un peu de cœur, et il reprit en essayant de sourire :

— Cela fait donc de l’effet tout de même ?

Robert et Blaise regardèrent les silencieux brigands.

— Un effet superbe ! répondit Blaise.

— Avec ça, ajouta Robert, on aurait de quoi arrêter une caravane !…

Le sourire de Bibandier se changea en un bon gros rire.

— Oh ! oh ! oh ! fit-il ; je ne suis pourtant pas en train de folâtrer !… Ne bougez pas, vous autres !… Ah ! dame ! c’est bien obéissant !… Et puis ça ne coûte pas cher de nourriture !

Il remit la gourde dans sa bouche, puis il ajouta en secouant la tête :

— Martin, Michel, Jean, Bonaventure et les autres sont des manches à balai dévoués que j’habille comme je peux…