Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 1, 1850.djvu/145

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tion. Je ne tue personne, pourtant, car mon fusil lui-même n’est qu’une trique de châtaignier.

— Bourre ta pipe, mon pauvre Bibandier, dit Robert, et asseyons-nous un petit instant.

— Attendez, répliqua le chef des uhlans ; l’herbe est mouillée, et je vais vous prêter mes hommes pour vous asseoir.

Il arrangea en effet les haillons de ses prétendus soldats sur le talus, déposa son prétendu fusil contre un arbre, et prit place à côté de nos deux voyageurs.

D’après les choses qui se dirent dans cette réunion, il eût été facile de comprendre que Blaise et même le jeune M. Robert de Blois avaient mené récemment à Paris une vie peu exemplaire.

On se rappela en commun d’assez bons tours. Nos deux voyageurs et Bibandier faisaient un trio d’excellents compagnons.

La gourde se vidait rondement.

Bibandier ne tarissait pas sur les traverses qu’il avait éprouvées depuis son évasion du bagne de Brest.

— Vous voyez bien pourtant que je fais de mon mieux, disait-il avec mélancolie ; je ne demande qu’à travailler honnêtement… mais je crois que je serai forcé un beau jour, pour éviter