Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 1, 1850.djvu/146

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la famine, de manger mon pauvre ami Médor.

— Triste rôti !… fit observer Blaise.

Médor hurla plaintivement.

— Avec mes hommes et mon industrie, reprit l’infortuné bandit, je ne gagne pas cinq sous par jour… Médor m’apporte parfois une poule étique que je mets au pot… Ce sont les jours de fête !… Nous mangeons cela en famille… Le reste du temps il faut jeûner…

— Où demeures-tu ? demanda Robert.

— Pour ça, je ne suis pas trop mal logé… Il y aura bien où nous mettre tous trois si vous voulez vous associer à mon commerce… J’ai un vieux moulin à vent pour moi tout seul… et l’on y est très-bien, excepté les jours de pluie.

— La toiture est trouée ?

— Non pas… il n’y a plus de toiture… Mais parlez-moi donc un peu de vous, mes anciens !… Que venez-vous tramer par ici ?

Robert se leva au lieu de répondre, et secoua les cendres de sa pipe.

— Il me semble que je sens des gouttes de pluie, dit-il.

— Ce ne sera rien, mon fils… Tu ne veux donc pas me dire… ?

— J’espère bien que nous nous reverrons !… Mais du diable si ce n’est pas un orage !… Allons, Blaise !… en route !…