Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 1, 1850.djvu/160

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distincts et fatigués, les cris des malheureux en souffrance. Penhoël se faisait un porte-voix de ses deux mains pour leur répondre.

Deux ou trois minutes encore, et le chaland touchait les branches baignées des saules.

Robert et Blaise étaient dans l’eau jusqu’aux aisselles. Ils s’accrochaient des deux mains aux troncs chancelants des deux plus grands saules, et sentaient le niveau de l’inondation monter lentement le long de leurs poitrines.

Depuis que la première irruption du déris les avait emportés violemment, aucune voix n’avait répondu à leurs cris de détresse.

Nulle part le moindre rayon d’espoir ne se montrait dans ces ténèbres terribles qui les environnaient.

Ils ne voyaient rien, sinon l’écume tournoyante ; et l’écume montait, montait aux troncs des saules, qui fléchissaient sous le poids de la nappe d’eau comme des roseaux battus par le vent.

Leurs mains se crispaient autour de leurs appuis frêles. Ils ne se parlaient point ; ils criaient.

Quand la voix de René de Penhoël arriva jusqu’à eux pour la première fois, leur agonie durait depuis bien longtemps. Leurs bras tendus faiblissaient, et ils sentaient venir avec déses-