Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 1, 1850.djvu/180

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— M’est-il permis de vous demander… ?

— Un message qui venait de bien loin !

— D’où venait-il ?

— De New-York.

Penhoël fit un geste de surprise. La belle et calme figure de Madame exprima enfin un mouvement de curiosité.

— New-York ?… répéta Penhoël. Je ne connais personne à New-York.

La paupière du jeune M. de Blois se baissa. Son regard, furtif et rapide, fit à la dérobée le tour de la table.

— En êtes-vous bien sûr ?… murmura-t-il.

Il examinait à la fois Madame, qui gardait son sourire doux et courtois, le maître du manoir et le vieil oncle Jean, dont la rêverie inclinait de nouveau la tête pensive.

Avant que Penhoël eût répondu, Robert poursuivit d’une voix lente et basse :

— L’aîné de Penhoël serait-il oublié dans la maison de son père ?

Si Robert avait voulu frapper un coup violent, il dut être satisfait de l’effet produit.

Un nuage voila tous les fronts à la fois. Tous les regards se baissèrent.

Penhoël, qui portait en ce moment son verre à ses lèvres, le laissa échapper, et le verre se brisa.

Madame tremblait, immobile et pâle.