Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 1, 1850.djvu/187

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les doigts blancs de la châtelaine, avait prononcé quelques paroles d’une voix si basse que Marthe elle-même eut de la peine à en saisir le sens.

— Madame, avait-il murmuré, il y avait trois lettres…

Le visage de Marthe ne changea point, mais sa main devint froide, et longtemps après que Robert eut disparu avec le maître de Penhoël, Marthe restait encore sans mouvement et comme pétrifiée.

Autour de la table, les langues déliées se dédommageaient amplement de leur longue contrainte. On ne tarissait pas en éloges sur le jeune M. de Blois, et Vincent, tout seul, protestait par son silence contre ce concert de louanges.

On attendit le maître du manoir d’abord sans impatience. Dix heures sonnèrent à la grande pendule, enfermée dans son coffre de noyer, puis onze heures. C’était une veille inusitée.

Penhoël, cependant, ne reparaissait point, et les convives durent se séparer avant son retour.

Les jeunes filles, Roger et Vincent vinrent tendre successivement leurs fronts au baiser de Madame, qui resta seule avec l’oncle Jean.

Le vieillard s’assit auprès d’elle, à la place occupée naguère par l’étranger.